Des catholiques appellent au réveil !
« L’élection du pape François a suscité un réveil des espérances chrétiennes dans le renouveau de l’Église, sensible bien au-delà du monde des pratiquants.
Or, maintenant, on peut se demander si le peuple catholique, d’abord surpris de voir apparaître à Rome un pape prophétique, ne tarde pas à répondre à ses invitations. Beaucoup de catholiques peinent à comprendre l’ampleur et la nouveauté de ce qui leur est proposé.
Pour sortir de la passivité, nous avons besoin d’une prise de conscience de l’ampleur du sursaut appelé par ce pape et de la nouveauté qu’il apporte. Car cet homme devenu évêque de Rome ose affronter des questions sensibles qui touchent la vie des croyants, il appelle l’ensemble des fidèles à prendre la parole, à oser dire ce qu’ils vivent, quels malaises ils ressentent à l’écoute de certaines paroles stéréotypées.
Pour nos démocraties quelque peu usées, voilà un pape prophète qui n’a pas peur d’écouter le peuple des croyants et qui outrepasse ainsi les espoirs du jeu démocratique habituel. On se place pleinement ici dans la collégialité proposée par Vatican II et le souffle de l’Esprit qui en a permis l’audace et l’élaboration.
Insistons sur cette réalité inouïe : sur l’ensemble des problèmes concernant la famille et qui se posent aux chrétiens immergés dans la société sécularisée, chacun est appelé, s’il le veut, à s’exprimer. Le collège synodal convoqué par le pape est invité à écouter ces voix qui viennent du peuple des croyants et à dialoguer avec elles ! Tout se passe comme si une vérité essentielle était redécouverte : c’est que les croyants et leurs communautés peuvent compter sur les lumières de l’Esprit donné à l’Église pour faire face à des situations nouvelles.
Nous osons leur dire : réveillez-vous et répondez à l’appel qui vous est adressé en vue de la deuxième session du synode sur la famille. Nous, signataires de cet appel, invitons nos frères dans la foi à s’exprimer nombreux sur ce qui leur est proposé par le pape François. Les Églises locales sont associées à un travail de discernement ; elles sont invitées à ne pas craindre le dialogue. Ce temps est favorable à l’Évangile, il revient aux croyants d’en prendre conscience.
Participer, c’est déjà, en soi, une belle approbation du renouveau de la vie chrétienne auquel le pape nous convie. Dire ce que peut-être nous osions à peine penser, contribuer au renouvellement du langage de la foi, notamment sur les réalités familiales, appuyer les paroles et les gestes d’ouverture de notre pape, ce sera notre manière de participer à une réelle renaissance de l’Église. Et, sachons-le, notre abstention, notre passivité, poussent l’Église à s’éloigner de la lumière de l’Évangile du Christ.
Le Synode d’octobre 2014, à travers ses débats, ses tensions et ses hésitations, a manifesté une dynamique qui ne doit pas s’interrompre. Il ne s’agit pas de bouleverser la doctrine catholique. Il s’agit de participer à ce travail de discernement aussi commun que possible, en vue de relever tous « les défis de la vie familiale dans le contexte de la nouvelle évangélisation ».
Quelques signataires : Guy Aurenche, avocat. Catherine Billet, Pax Christi. Jean-François Bouthors, écrivain. Pierre Chamard Bois, Mission de France. Guy Coq, philosophe. Jean-Noël Dumont, association des philosophes chrétiens. Véronique Fayet, Secours catholique. Bertrand Galichon, Centre catholique des médecins de France. Sylvie Germain, écrivaine. Jean-Claude Guillebaud, essayiste. Monique Hebrard, écrivaine. Françoise Le Galliot, Action catholique des femmes. Bertrand Ousset, société de Saint-Vincent-de-Paul. Marc Olivier Padis, Esprit. Christine Pedotti, écrivaine. Paul Thibaud, philosophe. Denis Vienot, Justice et Paix. Jérôme Vignon, président des Semaines sociales…
Cette déclaration a été publiée dans quelques quotidiens, en particulier le 23 mars 2015 dans Ouest-France